Suisse – Bernina – Biancograt

Pano124ERDAL’odeur du crottin de cheval, le paysage qui file sous mes yeux, le claquement du fouet du cocher… Je ne suis pas dans Harry Potter, je monte au refuge coach en Bernina.

Les montagnes sont belles, je rêve tranquillement au rythme de la calèche qui monte doucement en me berçant.

Le gardien me demande glüshaint ou chapüschin??

Je réponds, ni gluten, ni cappuccino pour mon petit déjeuner 🙂 il veut connaître notre destination de demain.

La tourmente sur le glacier se fait sentir dès les premiers regards.

Quand soudain le premier de cordée se met en tête d’acheter du terrain, et quoi de mieux pour ça que de visiter les crevasses, pas de prémisse, vloum dans le trou… L’appartement est vaste et profond!

Le mouflage est en place et cisaille la lèvre de neige… On tire comme des bœufs avec Marie, moi comme un âne.

La lèvre résiste, on se démène, je creuse la neige pour passer le bouchon, en signalant que mon tel est dans mon sac si jamais…

Les pieds dans le vide, impossible de monter, saleté de bouchon de neige, malgré un sac a dos coince et un piolet.

On retire sur le mouflage, boum… On tombe!

Putain c’est quoi ce bordel.

La gaine vient d’exploser, ma corde est épluchée comme une banane, normal la corde est jaune.

La cordelette de démultiplication est serrée a dof, je veux rajouter un morceau de corde pour renforcer ma banane toute prête a rendre l’âme

Je demande le couteau, et là, d’une voix interrogative et un peu inquiète on entend: un couteau?? Pourquoi faire? La petite voie venait du trou…

2 minutes âpres on tire, on hisse…

Pousser madame, je vois la tête… On accouche d’un gros bébé joufflu, c’est un garçon s’écrie la sage femme… On se regarde avec Marie, on l’appellera François.

Âpres deux coups de brosse, on repart… Passage d’un petit mur de glace en traversée, une lame de sérac bien effilée au air de funambule. Un peu de rocher et le sommet.

On descend par l’arête ouest, petite désescalade, un rappel avec la corde explosé et puis une jolie glissade sur la dernière pente de neige… On a tous revu en une journée.

Le gardien me demande comment ça passe la haut??

J’apprends que plus personne n’est passe depuis deux semaines, trop compliqué… Je confirme.

Programme, petite course tranquille au dessus du refuge. L’année prochaine je changerais peut être l’intitulé de la première journée.

Un chat miaule dans mon oreille, ah non c’est ma sonnerie « fun » de mon cellulaire, 3h du mat’ c’est l’heure.

C’est lune pleine, un phare dans la nuit, mais les clients vont me suivre et je me demande comment je vais faire pour briller plus fort qu’elle.

Elle donne au montagne d’autre forme, volume.

Pas besoin de frontale, pour être mieux avec elle.

On monte, descend, traverse, remonte, les glaciers Suisse sont si… Intéressant.

Au pied du couloir, un biscuit plus haut, un passage rocheux, la pente se redresse et le couloir se resserre, c fait peur, pas tant que ça.

La neige est bonne ça monte tout seul et c’est esthétique sans cosmétique.

On rejoint la trace et on file, pas a pas sur l’antécime du piz roseg.

3h30 plus tard, une désescalade, un peu de moulinage et deux longs glaciers a couper, la chamana Tschierva.

La biancograt, une beauté pur de dame nature.

Dans la chambre des guides, un guide et moi… Bizarre d’habitude ça dégueule d’hommes médaillés.

La météo est pourrie?? Pas de panique, j’aime être seul en montagne.

Au petit matin, tout le monde court, c’est la foire aux lucioles.

Le couloir avalé, le mixte facile du début puis le pied de la bianco, belle et majestueuse, une belle dame… S’en suit le mixte entre piz bianco et piz bernina, sec sans crampons, du coup on court sur les passages techniques…(faut bien se la péter un peu)

Arrivée au refuge Marco e Rosa, on change de pays, l’Italie.. Les pasta, ragazza quoique en montagne.

Pourtant ce refuge haut perché est dément, des hauts parleurs crachent la musique de « village people » et tout les tubes disco des années 80′

Une belle femme aux fesses dénudées nous accueil sur la porte de la cuisine (un leurre, un poster), d’autres sur les murs grimpant dans leurs plus simple appareil. Avec le slogan, « climb now work later »

Les gardiens italiens font chanter leur belle langue, primo piatti, pasta o minestrone??

On se pause, une bière à la main… Les palü nous surmontent, c’est la journée de demain. Les plateaux glacières de bella vista, une arête facile et un retour avec la grosse benne de Diavolezza.

Demain soir je me perdrai dans ces yeux. Elles sont belles, c’est sur je reviendrai…

 

JOdy